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L’excédent financier record de l’Université d’Ottawa et son impact

Le 30 septembre dernier, les membres de l’APUO ont reçu une communication du recteur Frémont annonçant un excédent financier de 91,8 millions de dollars pour l’année 2018-2019. Cet excédent des revenus sur les dépenses est un nouveau record pour l’Université d’Ottawa, dépassant de 22 millions de dollars le record précédent de 69,8 millions de dollars en 2017-2018, soit une augmentation de 31 pour cent. Il n’y a vraiment pas de quoi célébrer face à un tel bilan. Si les membres de l’APUO doivent composer avec une charge de travail accrue et des ressources insuffisantes pour mener à bien les missions d’éducation et de recherche de notre établissement, c’est largement en raison des politiques austéritaires de l’administration centrale ayant mené à ce triste record présenté comme de la saine gestion.  
 
L’impact sur notre charge de travail
 
Dans sa communication sur les résultats financiers de l’Université, Jacques Frémont mentionne les « retards dans l’embauche de personnel » comme facteur ayant contribué à cet excédent financier. L’APUO s’étonne que le retard dans l’embauche du personnel universitaire soit présenté comme un facteur positif. Cela illustre une fois de plus que l’administration centrale est déconnectée de la situation à laquelle nous faisons face, ce qui renforce l’importance pour les membres de l’APUO de continuer à se mobiliser sur l’enjeu de la charge de travail. Bien que nous ayons soulevé la question de notre charge de travail croissante à maintes reprises dans des pétitions, des lettres et des réunions, le message du recteur Frémont fait encore l’impasse sur la nécessité d’adopter une nouvelle approche budgétaire visant à renverser la tendance de plus en plus marquée à une détérioration de nos conditions de travail, lesquelles contribuent largement aux conditions d’apprentissage des étudiant.e.s. 
 
Bien qu’une augmentation du plancher des emplois APUO contribuerait certainement à alléger la charge de travail des membres actuels, combler les postes vacants APUO et ceux du personnel de soutien (PSUO) contribuerait déjà considérablement à améliorer nos conditions de travail et les conditions d’apprentissage des étudiant.e.s. Tel que mentionné par le PSUO dans un bulletin de mise à jour sur ses négociations en septembre« le message que nous transmettons à l’Université est que le nombre de postes vacants, abolis et contractuels a considérablement augmenté au cours des deux dernières années, contribuant ainsi à accroître le niveau de stress des employés actuels, ce qui affecte négativement l’expérience étudiante ». De plus, lors d’une assemblée extraordinaire tenue le 17 octobre, le PSUO soulignait que l’excédent de 91,8 millions de dollars de l’Université est équivalent à la masse salariale totale des membres du PSUO. Il va sans dire que l’administration centrale pourrait se permettre de pourvoir les postes vacants – qu’elle budgète chaque année – et de créer de nouveaux postes PSUO et APUO pour répondre aux préoccupations entourant les charges de travail croissantes et leurs répercussions sur le bien-être et la santé du personnel universitaire. Une partie de l’excédent financier de 91,8 millions de dollars aurait pu être dépensée pour améliorer les ratios étudiant.e.s/professeur.e et étudiant.e.s/bibliothécaire, ainsi que pour mettre en place des services d’appui additionnels pour les étudiant.e.s.
 
Le budget de l’Université : un problème de priorités
 
L’administration centrale a un sérieux problème de priorités. Alors qu’elle tarde à pourvoir les postes vacants et refuse la création de nouveaux postes APUO et PSUO, on constate une masse salariale croissante chez les cadres supérieurs et intermédiaires. Entre 2009 et 2016, le ratio cadres supérieurs et intermédiaires / étudiant.e.s a plus que doublé, passant de 9,8 cadres pour 10 000 étudiant.e.s à 21,2 cadres pour 10 000 étudiant.e.s.[1]  Si l’administration centrale peut justifier une telle croissance pour les postes de cadres supérieurs et intermédiaires, elle peut se permettre d’allouer davantage de ressources pour embaucher des personnes qui contribuent directement à l’expérience étudiante, à savoir les professeur.e.s, les bibliothécaires et les membres du personnel de soutien.  
 
Comme à chaque année, l’administration centrale conclut sa communication par un prélude à l’austérité en prévoyant un déficit opérationnel de 17,4 millions $ pour l’année en cours. En adoptant un budget avec la méthode de caisse modifiée[2] au lieu d’un budget établi avec les normes comptables canadiennes[3], l’administration centrale prévoit une fois de plus retenir des ressources des facultés, de la bibliothèque et des services étudiants. Avec plus d’un demi-milliard de dollars d’excédents cumulatifs depuis 2007 (521,26 millions de dollars plus précisément), l’APUO sait très bien que l’administration centrale peut se permettre d’embaucher plus de professeur.e.s, de bibliothécaires et de personnel de soutien, une option largement appuyée par les étudiant.e.s et les travailleurs.euses de l’Université. Cependant, nos priorités ne sont pas reflétées dans le budget 2019-2020 adopté par le Bureau des gouverneurs, ni dans le discours de l’administration centrale. 
 
Excédents/déficits de l’Université d’Ottawa
 

Budget
États financiers (caisse standard)
Comptabilité de caisse modifiéeComptabilité de caisse standard
Année financière 2016-2017

$4.9M déficit opérationnel

$16M excédent

$48.6M excédent
Année financière 2017-2018

$4.6M déficit opérationnel

$15M excédent

$69.8M excédent
Année financière 2018-2019

équilibré (opérationnel) 

Non publié

$91.8M excédent
Année financière 2019-2020

$17.4M déficit opérationnel

$22.2M excédent

À déterminer

 
Ces excédents financiers successifs, jumelés à nos conditions de travail de plus en plus difficiles, mettent en évidence la nécessité d’adopter un modèle de gouvernance plus collégial au sein de notre institution. Nous sommes d’avis que le Bureau des gouverneurs, formé principalement de membres externes, est déconnecté de la réalité à laquelle sont confronté.e.s les étudiant.e.s et les travailleurs.euses du campus. Depuis des années, étudiant.e.s, professeur.e.s, bibliothécaires et personnel de soutien réclament davantage de ressources afin de mieux nous acquitter de nos missions d’éducation et de recherche, et d’enrichir l’expérience étudiante. Toutefois, en raison de notre modèle de gouvernance actuel, les priorités des principales parties prenantes de l’Université sont ignorées. 
 
Pour votre information, voici quelques références à des communications antérieures de l’administration centrale annonçant des mesures d’austérité :

  • En mai 2015, l’administration centrale a « adopté une série de mesures visant à réduire les dépenses de 10,4 millions de dollars, à limiter la croissance des dépenses et à réduire un certain nombre de coûts non récurrents ».[4]   
  • En mai 2016, l’administration centrale met en œuvre de nouvelles mesures structurelles et ponctuelles de réduction des coûts comprenant « une diminution permanente de 2% des budgets de base des facultés et des services ».[5]   
  • En octobre 2016, l’administration centrale détaille certaines mesures déjà annoncées, dont « la suspension des projets de rénovation et la contribution des facultés et des services à hauteur de 10% de leur surplus accumulé ».[6]  
  • En décembre 2016, l’administration centrale met en œuvre de nouvelles mesures de réduction des coûts : « Les projets de construction et de rénovation sont suspendus, sauf si la sécurité ou les obligations légales l’exigent ; toutes les dépenses discrétionnaires, telles que les déplacements, seront limitées ; un gel du recrutement pour tous les postes administratifs et de soutien à contrat ou honoraires, sauf dans de rares cas approuvés par le vice-recteur concerné. Le gel de l’affichage des postes externes et de l’embauche externe pour combler des postes temporaires ou permanents de personnel administratif ou de soutien ; aucun rajustement salarial rétroactif lorsque les postes sont évalués ou reclassés ; aucune reclassification de postes jusqu’à nouvel ordre, sauf pour les réorganisations d’unités déjà approuvées ».[7]
  • En mai 2017, l’administration centrale met en œuvre de nouvelles mesures de réduction des coûts afin de réduire les dépenses pour un total de 22 millions de dollars.[8]
  • En septembre 2019, l’administration centrale déclare que l’excédent financier était en partie attribuable à des « retards dans l’embauche ».[9]

[1] Données tirées de la Sunshine List par REGI Consulting, “Notes about uOttawa’s Draft of and Executive Compensation Program”, février 2018.
[2] Les normes comptables de caisse modifiée tiennent seulement compte de l’argent encaissé sans tenir compte des comptes recevables ou des autres sources de revenues prévues au moment d’établir un budget.
[3] Les normes comptables canadiennes tiennent compte à la fois des fonds encaissés ainsi que toutes autres sources de revenu et des comptes recevables lors de l’établissement d’un budget.
[4] 26 mai 2015, courriel de la part du vice-recteur aux ressources
[5] https://www.uottawa.ca/financial-resources/financial-planning/sites/www.uottawa.ca.financial-resources.financial-planning/files/note_de_service_budget_2016-2017_en_003_0.pdf
[6] 11 octobre 2016, courriel de la part du vice-recteur aux ressources
[7] https://secure.campaigner.com/csb/Public/show/do2an–b42t0-5l2vffx2
[8] https://secure.campaigner.com/csb/Public/show/ez27t–bt2qz-5l2vaz03
[9] https://secure.campaigner.com/csb/Public/show/ch3x-1dust8–mpdba-5l2vffp9